Dans une cité qui ne vit que par et pour le style, l'urbanité, la musique électronique, les jolies filles et les évènements outdoor, quoi de plus logique et bienvenu qu'un Festival Mode et Design Montréal ? Le FMDM a soufflé cette fin d'après-midi sa dixième bougie et c'est tout à fait excitant.
D'abord parce que c'est rare, entendons-nous, d'assister à un défilé de mode. Je me souviens de cette venteuse soirée de novembre ou j'avais dû user de toute mon imagination pour pénétrer (faux stagiaire d'une fausse éditrice) dans un défilé relativement anodin de la Beijing Fashion Week. Cela remonte à 2006. Je venais de voir mon amie (la fausse éditrice), aux jupes habituellement si fraîches, porter un pantalon pour la première fois dans ma vie.
Ainsi lorsque l'opportunité se présente d'assister à plusieurs défilés, gratuitement et en plein air, on ne résiste pas et l'on combat patiemment les averses estivales. À plus forte raison lorsque la scène est placée à hauteur des yeux d'un homme. Barney Stinson - que Dieu veille sur l'âme de sa défunte hétérosexualité - aurait dit quelque chose comme : "A fashion show is the one and only place where you're given a full license to stare at legs and breasts." Supputant par ailleurs que la plupart des hommes qui s'intéressent à la mode le font avant tout pour le joli minois des mannequins et bien peu pour ce qu'elles portent, on ajoutera qu'un défilé est même le seul endroit au monde ou l'on vous saura gré de ne pas juger une femme par son visage. Pourquoi donc s'en priver ?
J'ai donc été coller ma truffe humide au plus près des tréteaux gorgés d'eau après qu'une énième tempête ait balayé le centre-ville, et observé avec attention le ballet des appareils photos. Si la première collection - visiblement un condensé des plus belles pièces de l'édition 2009 - était on ne peut plus décevante, celle du Centre International de Mode de Montréal, en revanche, était de très bonne facture. J'ai ainsi découvert que, non content d'être une plaque tournante du commerce vestimentaire, notre douce agglomération était également un haut lieu de la création ; j'ai retenu, un peu au hasard, les noms de RABE, Samia Oucharef ou encore Coco&Tashi, que je vous laisse le soin de googler (gougueuler ?).
Le FMDM c'est intéressant et rafraîchissant parce que l'espace de quelques jours on voit des hordes de groupies pré-pubères approcher de très près leurs idoles, lesdites idoles habituellement de marbre se laisser aller à quelques sauts de cabri, coucous enthousiastes et baisers dans la foule, les pros de la mode mitrailler comme à l'accoutumée avec un décor de fond pour une fois aérien, et le traditionnel DJ house qui s'ébat avec bonheur au pied des tours de verre du district financier.
(on apercevra derrière au passage la somptueuse tour de la BNP Paribas, qui est l'un des joyaux architecturaux de la ville, du moins le très légitime hérault de la période de construction la plus récente ; j'espère consacrer d'ici peu un article à ces quelques magnifiques tours de Donwtown qui passent par trop inaperçues)
Ce qui est réellement amusant toutefois - ou qui relève du coup de génie de la part des organisateurs - c'est d'avoir entrouvert le backstage au public, le long d'un espace "réservé" ouvert aux quatre vents. On peut ainsi, sitôt le défilé terminé, galoper (qui était ce chanteur qui "galopait, galopait" après les longues jambes des vedettes ? ou alors confonds-je avec une préface de Cavanna à un ouvrage de Doisneau ?) accourir et voir les filles se déshabiller - du poids de leur travail pour le moins. Celle-ci se ressert immédiatement du champagne, celle-là pianote déjà sur son cellulaire, peut-être un rendez-vous repoussé à cause du retard engendré par la pluie. D'autres changent simplement de chaussures, échangent une carte de visite, vont se faire recoiffer. Car de cabine il n'y a point : maquillage et mise en pli se font au vu et au su du badaud, lequel peut même se payer le luxe de fixer droit dans le miroir le regard des tigresses qui le faisaient saliver une minute auparavant.
Voilà donc un évènement pour le moins original, rassembleur et qui a le mérite de totalement démocratiser un milieu qui fait rêver autant par son côté glamour que par les défenses qu'il érige entre le grand public et ses cercles privés. Que l'on se remémore cette sublime diatribe de Meryl Streep dans l'excellent Devil wears Prada. Deux mondes, vous dis-je !
Le FMDM court jusqu'à samedi soir inclus, au coin de Sainte-Catherine et McGill.
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