lundi 11 octobre 2010

Explosion belge

J'ai découvert, par la grâce d'une amie déjantée et trop tôt repartie, dont les remarques aussi inutiles que pertinentes me manquent plus qu'à leur tour, un petit bijou d'animation déjanté, inutile et pertinent, qui mérite une audience bien plus large que celle qu'il semble avoir séduite.

Il m'a, au demeurant, considérablement rassuré sur nos petits voisins d'outre-Ardennes, dont la récente expérience que j'ai pu en faire m'avait au plus haut point échaudé. On se fout des Belges ? eh bien, ils le méritent ! Bruxelles est la seule ville au monde dans laquelle la police vous réveille lorsque vous dormez allongé, certes sur la somptueuse Grand Place, non point pour vous embarquer ou vous taxer comme probablement à Paris, sinon pour vous faire assoir et rendormir, arguant de quelque réglementation municipale interdisant la position horizontale au bénéfice de toute autre. Ha ! les autoroutes amochées qui mènent de la sordide Charleroi à l'inquiétante capitale fédérale, grise dans sa pierre noire sous le ciel bas de février, sonnent quotidiennement pour la piétaille wallonne comme un ricanement sinistre du Destin les punissant pour ce qu'ils sont, les enfonçant comme on martèle un clou soumis dans leur infériorité fiscale et infrastructurelle aux Flamands, lorsque par un coup de baguette magique le fil ininterrompu des nids-de-poule béants comme des impacts d'obus qui jonchaient la voie publique depuis des lustres se change en un macadam d'une lisseur à faire frémir la plus ardue des blanchisseuses, à l'instant précis où un radieux Welkom in Vlaanderen s'élève en 4 par 3 d'un terre-plein joyeusement tulipé. Comment peut-on espérer d'un peuple qui sait si peu s'occuper de soi-même de s'affirmer avec responsabilité à des lieues de sa lande plate et venteuse, de ses baraques à frites et de sa bière ? j'apprenais hier soir à peine que l'expérience belge en Afrique fut l'une des plus désastreuses qui soit et que la République Démocratique du Congo, avec toutes les difficultés qu'elle éprouve depuis la décolonisation, a fini par se dire que, l'un dans l'autre, elle aurait bien préféré quelque joug britannique ou allemand.

C'est donc avec une grande surprise que je découvris le travail minutieux de Stéphane Aubier et Vincent Patar pour La Parti Production, qui se sont arraché le poil - de fou rire, probablement - en réalisant en stop-motion 74 minutes de délire improbable autour des attachants personnages de Cowboy, Indien et Cheval. Illustres inconnus ? Pas tant que ça ma mère, car la miraculeuse, l'immaculée, l'incontournable wikipedia m'enseigne que Panique au Village, puisque c'est de cette oeuvre que l'on parle, figurait en Sélection officielle au Festival de Cannes en 2009, rien moins !

Inutile d'évoquer un éventuel scénario - il s'agit vaguement de petites figurines de plastique sur socle à l'effigie de personnages du far-west, semblables aux joujoux qui fascinaient peut-être nos parents, immergées sans raison valable dans un environnement champêtre quoique agricolement intense (le voisin Steven carbure au café et mène ses vaches au pas de guerre), qui pour se débarrasser de 50 millions de briques inopinément commandées sur Internet vont devoir affronter tour à tour une peuplade de tritons bleu lagune dont la principale préoccupation consiste à faire sauter des gaufres partout ou ils s'installent, puis une équipe de scientifiques austraux mus par leur fascination pour un immense pingouin de leur fabrication capable de propulser des boules de neige à l'autre bout de la planète.

C'est absolument incontournable, cela va sans dire. Pour mettre l'eau à la bouche des petits veinards qui en seraient encore vierges, délectons-nous encore une fois du Grand Sommeil, court métrage adorable des mêmes auteurs et impliquant les mêmes personnages :


Il va de soi que j'ai adoré chacun de mes séjours en Belgique.

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