Micro article sans aucune prétention analytique autre que celle que me confère la Trois-Pistoles (j'y reviendrai).
Alors que (xxx - à déterminer) bombarde la Lybie depuis désormais six heures, tour d'horizon de la presse mondiale :
- France (lemonde.fr) : "La France en pointe de l'opération. [...] Les Américains en retrait. [...] Les Allemands écartés."
Sous des photos grandiloquentes de Sarkozy (et avant le commentaire d'un internaute qui lâche un "que ne ferait-il pas pour redorer le blason de la France ?" que tout un chacun aura probablement partagé), on apprend aussi que le Canada, tiens donc, est fer de lance de l'opération aux côtés de Paris et Londres. Bon.
- Royaume-Uni : le Guardian propose une plus floue "coalition" faite de "allied forces". Les images sont plus spectaculaires, plus lumineuses (on parle pourtant du Guardian...).
- États-Unis (New York Times) : "U.S. Missiles Strike Libyan Air-Defense Targets". Ici la hiérarchie est sensiblement renversée. Les images carrément futuristes : prise nocturne (infra... verte, comme en négatif d'un cliché) d'un missile qui décolle de quelque frégate qui vogue au large de Tripoli comme elle pourrait être à Panama ou dans le Golfe. On croirait Matrix, ou Tron.
- Chine, où la très très officielle agence gouvernementale XinHua (Chine Nouvelle) se fend d'un fourre-tout 法英美德多国 que je prends la liberté de traduire par "la France, l'Angleterre, les États-Unis, l'Allemagne et de nombreux pays...". On note le retour de l'Allemagne, même si le lien enregistré sous la manchette renvoie à un article plus détaillé dans lequel la France semble piloter les opérations.
- Canada : le Globe & Mail de Toronto se cache derrière un "US, allies" qui sous-entend la présence de forces canadiennes aux ordres du grand partenaire du sud ("On a toujours été la bitch des États", me rappelle régulièrement mon collègue François) tandis que le très Ottawesque National Post se retranche davantage encore sous la coupe d'un "Western warplanes" qui fleure bon le choc des civilisations.
Quant au Devoir, il se prononce avec modération : "les alliés bombardent [là où] la France semble avoir parti le bal."
Un article somme toutes inutile mais qui souligne magistralement l'un des doutes qui m'a le plus envahi depuis quelques années : la totale impossibilité de se forger un point de vue objectif sur des faits qui se déroulent à plusieurs milliers de kilomètres de chez soi et qui impliquent, parce que toute chose au monde est ainsi faite, des points de vue nécessairement contradictoires. Voilà pourquoi, une fois pour toute, je fais acte de ne plus jamais me prononcer sur ce que je n'aurai pas vu de mes yeux, quelques soient les sensibilités. Le seul témoignage encore valable est celui que l'on vit. Paix et amour à tous les Lybiens, qui qu'ils soient, et que l'on cesse de me parler de ce que l'on ne lit que dans les journaux.
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