jeudi 26 janvier 2012

Deux très bons films couleur locale



Comme je l'expliquais en novembre dernier, je n'ai pas la télé à la maison ; un abonnement chez Bell ne fait même pas partie de mes résolutions pour 2012 (comment ça me désabonner de chez ces rapiats de Fido devrait en être une ?) En revanche, je possède un écran. De qualité assez moyenne, avec un bon cinquième supérieur vrillé de lignes blanches relativement exaspérantes, mais un écran quand même, qui ne me servait pas à grand chose jusqu'à ce qu'on me fasse présent, ô quelle merveilleuse donation, d'un lecteur DVD.

Le tout est désormais installé devant un sofa qui n'attendait que cela, et si l'absence de télécommande, et donc l'impossibilité d'exploiter les options de menu (choix des chapitres, sous-titrage) me condamne à visionner en boucle le seul premier épisode de La Petite Vie, elle permet en revanche de réduire drastiquement mes choix de films à ceux qui sont en français, ou en anglais. J'en ai donc profité pour faire la razzia des quelques bibliothèques du réseau et mettre à exécution ce plan trop longtemps retardé : une sérieuse mise à jour dans ma culture ciné québécoise.

DVDs ramassés au hasard et fort joyeuses surprises ! avec deux pépites pour mon premier coup de filet : Borderline de Lyne Charlebois (2008) et Gaz Bar Blues de Louis Bélanger (2003), tous les deux servis par d'épatants acteurs primés aux Jutra.

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Borderline m'a plu d'emblée. Évidemment parce que le générique expose une jeune fille nue qui se verse goulûment du vin sur des tétons ma foi bien alléchants et filmés en close-up, mais aussi parce que les premières images - Kiki apparaissant sur le bord du Canal de Lachine côté Verdun, les tours du downtown en arrière-plan - donnent d'emblée le ton : on sera dans un film montréalais. Et, mieux encore, dans un Montréal d'hiver, canal gelé, chemins de neige épaisse, ciels bleus d'une immensité à en perdre la raison. En voyant sur mon écran exactement ce que j'apercevais de la fenêtre de ma toute première chambre canadienne, je me suis senti dans un décor on ne peut plus familier. C'est un plaisir intense que de reconnaître dans un long-métrage, avec ce grain si propre à la fiction, des allées et promenades que l'on a parcourues avec des yeux de caméra documentaire ; un sentiment de complicité fort s'installe avec le réalisateur et donc, par transitivité, avec les personnages qu'il anime.

D'autant qu'avec Kiki, j'en ai des choses à partager : Borderline c'est avant tout l'histoire d'une jeune adulte qui approche dangereusement de la trentaine en se demandant bien ce qu'elle fout de sa vie, qui est supposée écrire - elle est en maîtrise de littérature - et qui ne parvient plus à créer. "J'arrive plus à écrire... je sais plus QUOI écrire", lance-t-elle à son professeur avant de lui projeter son corps sur les genoux à défaut de son âme sur des feuilles. Car Kiki est atteinte du trouble de la personnalité borderline (CQFD) qui caractérise un manque cruel de repères sociaux et un désir d'affection si intense qu'il se manifeste le plus souvent par des excès pathologiques. En l'occurrence, trop de drogue, trop d'alcool, trop de sexe - c'est assez montréalais, sommes toutes ; avec les petits bistrots designs et le beau gars bien charmant.

Tout ça, c'est surtout prétexte à de superbes scènes, avec un parti pris de réalisation amusant : puisque trois époques se croisent (Kiki à 7 ans, à 20 ans, aujourd'hui), croisons-les pour de vrai ! Les acteurs se... croisent donc, en permanence, quoique les uns tournant le dos et devenant figurants pour sortir d'une scène de rue dans laquelle les mêmes personnages maturés de dix ans entrent de face. C'est étonnant et ça donne lieu à des images exquises, comme ce moment où deux Kiki à une vie d'intervalle se trouvent à jeter des boules de neige dans l'eau depuis ce même pont près des Écluses.

On ne saluera jamais assez la prestation de Isabelle Blais, dont on tombe instantanément amoureux, celle de Jean-Hugues Anglade présenté dans le générique comme "invité exceptionnel" mais qui occupe pourtant le deuxième rôle principal, riens moins, et surtout l'extraordinaire Sylvie Drapeau en mère folle et murée dans sa folie, silencieuse l'essentiel de ses apparitions, fixant le vide de ses grands yeux bleus et glacés comme la neige. On en frémit à chacune des visites de Kiki à l'hôpital.

Je vous mets ici la bande-annonce officielle parce que c'est quasiment tout ce qu'on peut trouver sur la Toile, à l'exception du film en intégralité en allemand, preuve que les Teutons ont su reconnaître dans le Montréal de Kiki un peu de leur Berlin ? Mais à mon goût elle rend trop peu hommage au film dans son ensemble.


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Gaz Bar Blues, lui, se déploie sur un tout autre ton, tragique, une sensation de fin d'époque, de fin de monde. Les thèmes, pourtant, restent fidèles à tout ce que le cinéma québécois possède à partager : des histoires de famille, encore et toujours, sur un fond sonore excellent, rappelant, scène après scène, film après film, l'amour incroyable que vouent les Québécois au rock'n'roll, au bon, au vrai, de Dylan aux Pixies.

Le Gaz Bar, comme son nom l'indique, c'est la station essence Champlain, dans un quartier un peu crado du Montréal de 1989, alors que le mur de Berlin s'écroule. Le Blues, c'est Monsieur Brochu, "Boss", le gérant et père de trois enfants tous embarqués sur la même galère, leurs shifts du soir et leurs petites chicanes de famille. Ils ont des rêves bien entendu, l'un est musicien, l'autre photographe, les trois pourtant sont pompistes et pognés à la job parce que le vieux patriarche ne lâche pas l'affaire. Viennent trottiner autour, chaque matin dès avant l'ouverture et jusqu'à chaque soir, tous les désoeuvrés du quartier, des habitués de clopinettes, une MacDonald bleue, un paquet de gommes, le journal du mardi. Ça tourne pas très rond, financièrement parlant, mais ça fait vivre le quartier : d'anecdotes et de légendes plus que d'autre chose.

Une foule oisive et fondamentalement masculine (les seuls rôles féminins sont ceux de Nathalie, la soeur aînée qui a quitté la maison et revient peu, puis deux danseuses nues et deux catins pour un temps d'écran cumulé de une minute au plus) ; un monde d'hommes au-dessus duquel règne le très grave... Serge Thériault, oui oui, l'humoriste, lui qu'on a connu plus jovial et plus féminin puisqu'il incarne Moman dans l'indétrônable et burlesque Petite Vie.

Ici, pas de temps pour les niaiseries : on cause d'affaires, et d'affaires d'hommes, de comment on élève une famille dans le respect et dans la dignité. On tente de faire leur nique aux voleurs, avec les poings s'il le faut. On fait le dos rond devant les inspecteurs de la compagnie qui n'aiment pas trop tout le tintouin autour des pompes à essence. C'est plein de vie et de belle langue, le français urbain et ouvrier du Montréal post-révolution tranquille, celui que probablement on appelle le joual, son argot facétieux et ses anglicismes à outrance. Ça sacre à tout va sans jamais paraître vulgaire et ça finit, dans ces histoires bien machos, par générer une tendresse infinie pour tous les personnages.

Étonnamment, il est très difficile de dénicher sur la toile des extraits de ces deux films, pourtant relativement grand public lors de leurs sorties en salles. Je vous laisse donc la joie d'aller les découvrir, en intégralité, par vous-même. Pour le plaisir quand même, parce qu'elle illustre à merveille l'humour, le langage coloré et l'amour de la musique qui en constituent l'ossature, la fameuse scène du "Es-tu debout Gui ?" (monter le volume !).

jeudi 5 janvier 2012

Dernier souffle !

Ah ben coudonc ! C’est quoi l’idée ? 
Étaient-ce les relents d’états grippaux que je traîne depuis les excès du Nouvel An ? Était-ce le verre de whisky que je me suis accordé en rentrant, pour réchauffer l’intérieur, et qui m’a délassé les nerfs plus que de raison ? Ou c’est-tu plutôt que cette thématique-là – celle de la mort, pas l’instant clinique du décès mais plutôt le long processus social, médical, familial qui y conduit – me fait décidément du mal ? C’est-tu tout simplement que Michel Rabagliati est un génie, point à la ligne ? Le fait est : j’ai pleuré à chaudes larmes hier soir, et pas qu’un peu, sur les presque deux cents planches de l’un derniers opus de sa série, Paul à Québec.

Cela a commencé vers la page 28, au milieu des souvenirs d’enfance, et, comme si une digue quelque part avait cédé – mises en abyme dans ma propre famille ou dans ma propre enfance, beauté des discours simples, de l’expression claire des sentiments de chacun, longue descente vers la hantise de dire adieu sans fioriture et sans peine à ceux qu’on a aimés – tout s’est mis à trembler dans mon petit crâne affaibli par l’alcool et le vent. Les problèmes de plomberie qui ont frappé mon immeuble en début de semaine n’étaient qu’un préambule aux fuites qui allaient frapper mes orbites. Oh oui j’ai bien chialé. Comme une vieille madeleine. 


Michel Rabagliati, donc, auteur de bande dessinée québécois sans commune mesure au pays, loin devant Guy Delisle dont les pourtants brillantissimes Shenzhen puis Pyongyang avaient fait mes nuits asiatiques - , célébré depuis 1999 et la publication aux Éditions La Pastèque du premier volume des aventures toutes simples de son héros ordinaire, le susnommé Paul. Un Paul que certains dans le milieu vont jusqu’à comparer à Tintin ; or, loin des expéditions océaniques ou polaires et en l’absence d’indices occultes ou francs-maçons, je rapprocherais plus volontiers Rabagliati d’un Lewis Trondheim époque Lapinot, autre magnifique série cartonnée et nez-en-moins outre-atlantique sur les petits bonheurs et malheurs de la vie quotidienne, ses amours, ses amis, ses décès, d’une sobriété bouleversante et d’une acuité superbe. 

Fi du mélodrame ! ce qui est touchant, dans le tracé graphique et philosophique des semaines d’un Paul à qui il n’arrive sommes toutes pas grand-chose, c’est qu’on y imbibe son mouchoir certes de tristesse, mais aussi très souvent de joie, tout simplement. C’est une vraie délivrance d’avoir appris à faire la distinction entre les deux : pleurer parce que c’est beau, parce que c’est heureux, parce que c’est drôle, cela relève presque de l’orgasme, au sens biologique du terme : un tel excédent de substances chimiques euphorisantes que l’organisme, incapable de plus rien gérer, se braque et expulse de l’orifice concerné un liquide chaud et collant (je ne veux certes plus rien entendre de mon concept d’orgasme musical). Une vraie éjaculation oculaire : qui vous abat comme un cheval, vous laisse mort et pesant et le sourire au coin des lèvres. C’est le récit de ces grandes réunions familiales pour la Noël et la Saint-Jean ; les grands-parents, patriarches de la joie, qui veillent sur leur tribu de « lapins » et « ti-lapins » en les gâtant de courses de sleigh, de tipis dans les bois et autres suçons au sirop d’érable (« Des enfants qui courent partout, de la famille plein la maison, qui mange, boit, rit et parle fort, il n’existe pas de plus grand bonheur pour Roland et Lisette » et le merveilleux du sourire tracé d’une main experte au visage des deux vieux) ; les promenades entre adultes, tôt le matin, les souvenirs de l’époque pas si éloignée où Saint-Nicolas était un hameau de trois chalets sur un ruisseau. Le monde change, la marmaille crie, vive la vie ! 


Pis comme le dis Roland, « Vieillir, c’est pas drôle pantoute, mon Paul, profitez de vot’ jeunesse, parce que ça passe vite en simonac, la vie ! ». De fait, de la page 81 et pour les cent-quatre suivantes, Paul à Québec devient le récit de la disparition foudroyante d’un vieil homme frappé au pancréas. On ne tombe pas dans le pathos, loin de là : car l’auteur a l’intelligence d’axer sa réflexion et ses regards sur ce qu’il reste des autres, sur leurs appréhensions, sur le bras-de-fer titanesque que se livrent leur désir d’apporter du bonheur au mourant et leur terreur de ne point savoir quoi faire. L’homme a, depuis l’époque des cavernes, cherché à dédramatiser la mort en la dramatisant – en la mettant en scène, une pièce tragique chaque fois renouvelée, afin que les enfants, les adultes, tous, sachent de quoi il retourne, ne craignent plus d’y passer. C’est pourtant tout le temps la même chose : on ne sait rien, on craint et on pleure. À plus forte raison lorsqu’il s’agit de nos propres géniteurs. Même après vingt visionnages, je m’effondre toujours lorsque le grand Forrest, si beau et si niais, si niais et si beau, accourt au chevet de sa mère : I’m dyyying Forrest. Come sit over here, puis la puissance, la foi incroyables qui émanent de cette vieille. 


Tout paraît tellement simple lorsqu’on trouve les mots.


Si j’ai souvent aimé Trondheim, je lui ai toutefois, à l’occasion, reproché un léger manque de profondeur. Dans Paul à Québec, et me semble-t-il dans le reste de l’œuvre de Rabagliati – Paul à la pêche m’avait beaucoupé touché l’été dernier – il y a aussi un peu du Larcenet du Combat Ordinaire, cette prise de recul de l’auteur sur ses propres personnages, ce discours narratif à la première personne dont on sait très bien qu’il n’est pas celui du protagoniste mais de l’homme caché derrière son crayon ; ces longues planches sans dialogue réel mais truffées de réflexions très vives, violentes et transparentes sur ce que c’est qu’être un homme, la difficulté à prendre des responsabilités auxquelles on n’a jamais été habitué, la façon dont on reste malgré tout, pour toujours un enfant, démuni, sans réponse, même lorsque parent à son tour on se doit de jouer à l’adulte pour répondre aux questions qui surgissent d’une petite de cinq ans. Émergent en outre quelques très beaux concepts auxquels on pense rarement : ce médecin qui avoue, dans les dernières heures, ne plus rien pouvoir dire car « Soit il se laisse aller et ça ira assez vite, soit il s’accroche et cela s’étirera plus longtemps. C’est quand même lui, jusqu’à un certain point, qui contrôle la situation. » Même atteint du cancer, cette nuisance ultime, on continue de commander. Moi qui depuis l’adolescence me faisait fort, au crépuscule de la vieillesse, de trouver quelque part les ressources, le courage pour un suicide en fanfare, histoire d’être celui qui mène la cadence jusqu’au bout !

Ceci encore : préparer minutieusement, de son vivant, chacun des détails pour le jour du départ. Le cercueil, la cérémonie, le lieu, jusqu’aux discours presque. Vanité, prétention de se construire une postérité qu’on sera trop bien crevé pour pouvoir apprécier ? Pas forcément : en allégeant ceux qui restent du fardeau de devoir choisir, à plus forte raison dans une situation où le poids de décisions acquises pour l’éternité peut s’avérer insurmontable – après tout on ne meurt qu’une seule fois, pourquoi un cercueil bleu plutôt qu’un cercueil jaune ? – c’est soulager ses proches et leur offrir de ne se concentrer que sur leur propre deuil, leur parcours intérieur, et c’est un magnifique présent à léguer aux suivants. Car dans le fond, celui qui meurt n’est jamais celui qui souffre le plus de sa mort. 

Je m’inquiétais récemment de n’avoir, à bientôt trente balais, jamais assisté à un seul enterrement. J’ai appris depuis qu’on peut aussi les avoir évités comme la peste jusqu’à la cinquantaine passée, jusqu’à celui de ses propres parents, qu’on y commet nécessairement quelques erreurs - de débutant - mais que cela n’empêche pas de faire son deuil de même, de dire adieu de même et peut-être encore mieux que si l’on était blasé, que si c’était le dixième. Je remercie aussi vivement les deux amis qui ont eu la douleur de perdre récemment quelqu’un de cher et plus encore la force et la dignité pour faire les choses en bien, avant, pendant, depuis. Bravo à eux pour avoir su partager un peu de cette peine, un peu de cette force ; j’espère puiser la même lorsque mon tour viendra, pour enterrer les miens, pour que les miens m’enterrent. 

Quant à toi, vieux salaud de Rabagliani : à quand le prochain tome?

lundi 2 janvier 2012

Nouveau souffle

On m'a invité, le 30 décembre au soir, à assister à la désormais traditionnelle Veillée de l'Avant-Veille au Club Soda, pour l'occasion assailli de plusieurs centaines de jeunes Québécois, de plusieurs dizaines de moins jeunes Québécois et de quelques groupes bien garnis d'anglophones dont on se demande bien ce qu'ils faisaient là tout en trouvant leur présence admirable.

Le très bon groupe de musique tradi Le Vent du Nord en profitait pour fêter son dixième anniversaire en partageant les planches avec toute une marmaille de collaborateurs divers, dont l'excellent câlleur Jean-François Berthiaume pour la grande danse du final.

Ce fut ma foi tout à fait sympathique. La Veillée de l'Avant-Veille, qu'on m'avait décrite en toute mauvaise foi comme un insupportable ramassis de nationalo-extrémistes greffés à leur biniou, s'avéra être un monde certes original, mais plaisant. Un monde dans lequel on croise sa soixantenaire de proprio près du bar de l'entrée. Un monde dans lequel, privés de batterie, les musiciens marquent le rythme en tapant le sol des pieds, sans jamais en perdre une mesure. Un monde fait de cordes assurément, quand jusqu'à trois guitares et quatre violons partagent avec la viole de gambe quelque farandole inchangée depuis le 19e siècle. Un monde masculin, viril et guttural, de beaux gars pourtant, ce qui rappelle d'ailleurs à quel point le Québec est la seule nation au monde - avec le Vietnam peut-être - où les hommes sont, systématiquement, implacablement, plus beaux que les femmes ; un monde dans lequel dix, onze, jusqu'à douze de ces gaillards montent sur scène pour des polyphonies puissantes, démontrant un amour du chant qui rappelle les Mongols, les Corses ou les vieux Béarnais, tandis que certes une jeune fille bien en chair exécute dans le public des pas de gigue aussi rapidement que si sa vie en dépendait. Un monde dans lequel la position statique devient techniquement impossible, les déhanchements de la foule se perpétrant de l'avant vers l'arrière, de l'arrière vers l'avant dans une sorte de coït fraternel, contraignant tout un chacun à suivre le mouvement sous peine de voir son dos plié en six morceaux. Et c'est que cela danse !


Car à l'issue de deux "premières parties" qui semblent conclure le spectacle, une petite partie de l'auditoire s'en va braver le froid tandis que les plus patients trépignent un bon vingt minutes supplémentaires - le temps d'une ou deux bibines pour les musiciens. Lorsque ceux-ci s'en reviennent, c'est donc en présence du Berthiaume ci-dessus mentionné, à titre de câlleur. Alors le câlleur, j'ai découvert ceci il y a trois jours, c'est le vieux bonhomme qui appelle (who's calling the dance steps?), celui qui indique aux danseurs les pas à effectuer, le tout bien entendu en rythme, à un rythme même effréné, suivant la gigue, déblatérant ses instructions sans jamais se reposer la langue, un peu comme un Big Red ou autres chanteurs de raggamuffin. Numéro 1, un pas à droite, on prend la main, numéro 2, on avance et on croise, une étoile, un quinconce, les numéros 1, les numéros 3, deux pas en avant, swingue-là, passez par en-dessous, revenez au départ. Danse, contre-danse. On se croirait tout à fait dans Astérix, peu avant que l'intrus Cétyunix ne se fasse démasquer - tirez-y les moustaches !. J'étais moi-même démasqué, avachi dans les gradins, épuisé de fatigue comme de plaisir, avant de quitter les danseurs qui semblaient partis tournoyant pour ne plus s'arrêter.


Le Vent du Nord s'envole demain pour la Colombie, deux dates assurées dans un festival de musique folklorique. Il m'a quant à moi redonné du souffle pour attaquer 2012 et je trépigne déjà de les revoir, peut-être pour la Saint-Jean, peut-être pour une gigue, qui sait.

Bonne année à tous !